Certains doivent jongler avec les tâches quotidiennes pour tout circoncire et garder le mouvement et d’autres tentent d’apprivoiser leur nouveau balancier pour garder l’équilibre sur la corde tendue entre deux mondes. Celui qui a été et celui qui sera.

Le monde que nous quittons malgré nous, ce monde dont nous connaissons les erreurs et les horreurs, nous en sommes déjà nostalgiques et il est à peu près certain que malgré nos envies secrètes de changements profonds nous ferons tout pour revenir à l’identique.

Cette thématique du changement a toujours pris beaucoup de place dans ma vie à cause des nombreuses crises qui se sont imposées à moi et qui m’ont obligé à des remaniements parfois brutaux dans mon parcours de vie.

J’ai dis aussi que j’ai déjà eu plusieurs vies. En réalité nous n’en avons qu’une seule parce que nous ne mourrons qu’une fois. Par contre nous devons faire face qu’on le veuille ou non à toutes ces ruptures, ces deuils, ces agressions qui transforment nos existences en passant par des cataclysmes, des champs de bataille. Et l’on doit, qu’on le veuille ou non, affronter ces petites morts, ces bouleversements. Tant que nous sommes vivants il va nous falloir marcher jusqu’à ne plus pouvoir mettre un pied devant l’autre, se reposer et se relever.

Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes en crise, l’angoisse d’un monde dépressionnaire nous saisi tous, nous ballote entre l’espoir nécessaire et la peur légitime.

Je ne peux pas m’empêcher de tirer des parallèles avec les graves dépressions qui m’ont confinées presque 10 ans dans les hôpitaux psychiatriques parce qu’une crise et une crise et que très vite je réalise, dans le contexte actuel, que je peux m’appuyer avec succès sur plusieurs découvertes faite lors d’expériences traumatiques et déceler dans leurs résiliences les pistes nécessaires à un certain bien être.

Je crois voir au travers des financements massifs, annoncés, les chiffres donnent le vertiges, que tout est et sera mis en oeuvre pour retrouver le monde tel qu’il était avant le choc. Exactement comme l’individu atteint une première fois par une décompensation psychique a pour seul objectif illusoirement atteignable : le « retour à la normale »

Dans des trajectoires moins chaotiques on retrouve le même mouvement de rétropédalage lorsque l’on ne change rien après un burn out et que retourner à sa vie d’avant parait plus facile que de faire peau neuve ou quand on ne peut s’empêcher de tomber amoureux après une grosse crise conjugale ou un divorce.

La question me taraude, est-ce que l’on pourrait appliquer à une crise planétaire le même plan de résistance (et de résilience) que celui appliqué lors d’une crise individuelle ?

Dans la résolution d’une crise personnelle, pour se relever j’ai retenu qu’il fallait en tout premier lieu travailler la posture.

Est-ce qu’au même titre qu’il existe un nombre magique aux proportions universelles ou encore des similitudes de comportement en santé mentale nous pourrions admettre que nous avons tout à apprendre de nos ruptures personnelles pour comprendre ce qui nous arrive collectivement en ce moment et ce que nous pourrions en faire ?

Est-ce que dans la posture qui permet de sortir vainqueur d’un cataclysme personnel nous pourrions individuellement faire face aux chamboulements en cours et avenir et collectivement trouver des réponses pour que l’humanité s’en retrouve grandie ?

J’en fais le pari et ce sera ma posture.

J’ai décidé de consacrer un petit temps court chaque matin pour rédiger quelques lignes. S’il est certain que je n’arriverai pas à tenir cette décision sans y glisser d’exception je n’ai aucun doute que vouloir m’y astreindre sera l’une des pierres indispensables à la construction d’un nouveau quotidien.

Vous le sentez cette semaine qu’il est temps d’oser nous installer dans nos nouvelles routines, de consolider nos marques, de rythmer notre temps, d’intégrer ces routines extraordinaires et les rendre ordinaires pour qu’elles deviennent source d’énergie ?

Ma vie concrète à moi a terriblement peu changé. Je n’avais déjà ni travail, ni vie sociale active, j’ai l’habitude de passer de nombreux jours sans voir quelque face que ce soit par exemple. Je peux même dire que par certains côtés ma vie est devenue meilleure. Je sens la nature respirer, j’ai des échanges plus intenses avec mes proches, je participe à des élans de solidarité qui font chaud au coeur, mon emploi du temps n’est pas bousculé en permanence, je suis toujours aussi incapable de m’ennuyer. Seuls me manquent les petits bisous de ma petite fille et la joie de lui montrer le printemps et les radis qui poussent dans le jardin. La frustration est grande mais dans une situation aussi grave il est plus nécessaire de se réjouir d’avoir quotidiennement contact avec ceux que l’on aime que de se lamenter de ce qui nous est enlevé.

Je vais donc consacrer ma semaine à remettre la vie au centre de mes projets, à abandonner cette impression de parenthèse, de provisoire qui dure et à évacuer ce stress qui empêche la vie d’émerger. Construire ici et maintenant.

Mots tant de fois usurpés, galvaudés ici et maintenant prennent tout leur sens. Comment construire une vraie vie, ici et maintenant.

Pompon chat en reste de marbre que j’oublie qu’il puisse exister un 31 mars…

Première étape…
…me mettre sur mon 31 et cessez de bricoler mes agendas 😂… Les poissons d’avril c’est pour demain !



Prenez soin de vous


Quel pourrait être notre devoir outre le fait de respecter les consignes?
Les règles d’une bonne ‘hygiène de vie s’est aujourd’hui se laver les mains comme Monk et se tenir à distance comme Sheldon tout en restant chez soi comme Émilie Dickinson. (Quel vaste chant 10 lexique) 
Simple – basique.

Mais il y a toutes les autres avec qui on avait déjà parfois du mal. On a du taf parce qu’aux conseils ordinaire de se nourrir sainement, de dormir assez, de limiter l’exposition aux écrans et de continuer à bien bouger s’ajoute l’impératif de garder au temps qui passe une structure saine et dynamique qui sera une vraie colonne vertébrale de notre quotidien. Un de nos devoirs outre celui de rester chez soi c’est de lutter contre la frustration qui se met à roder partout en nous comme autour de nous… un mandat plein de pièges
Que puis-je faire pour moi?
Que puis-je faire pour toi?
Que puis-je faire pour autrui?

Garder des horaires, élaborer des projets, oser se tromper et recommencer. Faire ses routines calmement mais complètement aussi dérisoires qu’elles puissent paraître dans ce contexte apocalyptique.

Vivre pleinement.

Vivre pleinement pour garder et cultiver ce que nous sommes. Des humains. Humains humains pleins de tares et de tâches mais des humains en quête de notre humanité.

Tout doux liste : Chercher son éthique.

Chanter, rire ou danser si les idées manquent.

Combattre l’ennui parce que c’est un sale virus.

J’ai raté ma nuit. Un zéro contre moi…. 
Se lever et marquer des points. Go!
Bonne journée

Aujourd’hui c’est mon premier jour aux Planques.
Non pas que je ne m’y sois encore jamais endormie ou réveillée puisque le camion des déménageurs est monté il y a treize jours déjà et que depuis lors j’y ai dormi toutes les nuits et passé toutes mes journées.

Seulement, le temps s’est écoulé sans routine et accompagné de ma fidèle amie vadrouilleuse. Que depuis treize jours je tente de trouver une place pour chaque chose afin que chaque chose puisse rester à sa place facilement et que surtout devant la porte, il y avait : une voiture !

Voiture ayant été empruntée pour faciliter l’emménagement et l’emménagement étant terminé (ou presque) la voiture est retournée dans ses pénates. Et mon amie aussi. Son aide et son soutien m’ont fait beaucoup de bien. Merci mon amie!

Ce matin, un jour d’automne accueille ma nouvelle situation. Il fait 16 dans la cuisine. Le calme est quasi absolu. J’ai mis une petite jaquette pour déjeuner et cuire mes oeufs du matin au gaz. Des gestes nouveaux car je suis partie de mon ancienne vie sans le four à micro-onde.

J’hésite à allumer le feu du potager, unique chauffage des Planques. Je vais déjà aller promener Pompon-chien après avoir fini ce texte avec Pompon-chat quasi couché sur mon clavier. Au retour je me mettrai au travail pour a-cube sur mon ordinateur et je verrai pour la flambée. Si je ne gigote pas, à tapoter sur un clavier, 16 degrés c’est peut être un peu peu…

Mes collègues autistes ont préparé pour dimanche 29 une conférence à Yverdon et cette semaine je compte apporter ma contribution à cet évènement majeur pour notre association.

Maintenant que je suis aux Planques, je me demande comment vont se passer les jours et les nuits ? Comment vais-je réussir à troquer le rêve contre la réalité sans m’envoler ou glisser ? Et l’épreuve du feu commence de suite (et je ne parle pas d’allumer le potager à bois hein car ça c’est – presque – fascotte cocotte) : La conférence de dimanche sera précédée d’une petite AG et en tant que co-présidente je dois être sur place le matin déjà.

Voici l’équation : Sachant que le seul bus du dimanche matin part peu avant 8h00 et que l’arrêt se situe à 40 minutes de marche, que dans le confort de mon ancienne vie il me fallait 90 minutes pour arriver au bout de toutes mes routines matinales, que ma liste (ancienne) de pictos longuement réfléchie se gausse et que la lignée de montagnards de mes ancêtres est morte de rire:

A quelle heure faudra-t-il mettre le réveil si au préalable Pompon doit être promené dans la nuit noire et que m’habiller pour une journée citadine dans un chalet à 16 degrés peut présenter quelques hésitations chronophages ?

Premier bon point : il n’y aura pas encore la neige 😀
…. enfin j’espère !

J’ai une semaine pour trouver la réponse! Ce n’est rien de trop.

Qu’importe ! Je suis prête. Et heureuse d’être là. Je vis aux Planques, mais je ne me planquerai pas.
A bientôt !

« Tu as décidé de partir va-t-en » me lançaient mes cornouilles singeant la Rose de la planète B612.

J’ai déjà eu plusieurs vie sur plusieurs planètes.

Je les ai toutes quittées dans la précipitation parfois drapée de colère ou de rancune mais toujours dans la souffrance.  A peine si j’étais chargée de l’énergie nécessaire au deuil engendré par le départ.

Cette fois il n’en est presque rien. A quelques jours de voir mes affaires  hissées à 1200 m d’altitude par un camion, je suis légèrement vêtue d’une nostalgie très douce et un peu triste.

C’est le jardin qui met l’ombre la plus lourde sur mon coeur. N’avoir profité que d’une seule symphonie printanière me rend morose. Quand je pense au festival de couleurs dont je serai exclue je me surprends à douter de ma décision. Pourtant c’est lui qui m’a proposé de partir. Voyez-vous, il n’y a pas que les roses qui soient contradictoires !

Je laisse mes cornouilles et mon jasmin, ma rhubarbe et mon figuier, je laisse une petite partie de moi, de mes rêves et de mes projets.

Je m’éloigne un peu, mais si peu, des êtres qui me sont chers. Il faudra apprendre à se voir autrement, moins souvent mais peut être qu’on se rencontrera à nouveau pour de vrai.

Petite Laly,  plus si petite, je me réjouis de savoir que tu me rejoindras parfois dans ma montagne. Je t’apprendrais la caresse du vent et la lumière des étoiles, je t’emmènerai entre les feuillages cueillir les champignons et ensemble nous chercherons une place pour ta rose dans mon nouveau jardin.

Vous savez, je découvre que c’est agréable de laisser du bon de soi dans un monde que l’on quitte. J’ai tellement craint d’abandonner les choses trop tôt qu’au final j’ai souvent du les fuir laissant dans mon sillage plus de misère que d’engrais.

Cette fois, c’est le moment.

Pendant cette année où je n’ai pas pu mettre un pied devant l’autre je me suis perdue loin des balises. J’ai passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel: jaune, rouge, blanc, bleu… et sans m’en rendre compte petit à petit le chemin s’est tracé. Je dis adieu à mon cornouiller mais sûre ! je ne vais pas m’ennuyer.

Pour l’heure je me hâte mais je me hâte Luantement.

Quand cette nostalgie aura fini de me coller à la peau, quand j’aurai dit adieu à tous ces oripeaux je viendrai promis, vous chanter le renouveau ! Et c’est pour bientôt.

(vous pouvez commenter ci-dessous ou vous manifester sur les petits pouces comme sur FB ou presque)

… cet instant où les deux pieds touchent encore le sol mais que tu as déjà explosé l’élan pour sauter… et que tu te dis : mais quelle drôle d’idée 😅

C’est la première fois que je m’apprête à quitter une vie pour une autre sans être fâchée avec elle.

Presque tout me sied dans celle-ci. J’ai bon chaud et je mange bien, mon nid est à ma taille, la lumière y est douce et je croise facilement les regards de mes enfants d’amour.

Le quartier est presque calme et toutes les commodités sont à moins de 5 minutes. Mon petit jardin m’a promis des rêves pour chaque printemps de festoyer toutes tulipes dehors dès le mois de mars. Vivre ici est facile et me permet d’évoluer dans une situation financière très favorable, que je n’ai jamais eu et que je ne pourrais jamais retrouver.

Alors pourquoi cet appel? Pourquoi cette puissance et cette détermination ? quelle drôle d’idée !

Puisque je me décide pour un grand saut dans l’inconnu, je focalise malgré moi sur toutes les pertes volontaires que je m’apprête à m’infliger. Je dois bien avouer que j’ignore tout de la nouvelle vie qui m’attend et que j’ai peur. Pourtant je me fais confiance et j’avance. Cela fait des semaines que j’explore tous les espoirs, inspecte toutes les barrières, pèse les pour et énumère les contres et à chaque fois, quelque soit le résultat de la balance la réponse est la même. Vas-y !

Hier j’ai donc donné cet élan qui fait que lundi mes pieds s’arracheront du sol et que l’air de rien, une nouvelle aventure va commencer.